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Chère Eliane,
Dans ton atelier «les douches » tu m’as souvent invité à partager ces moments naissants de la création. Témoin privilégié, je m’en nourrissais, baignant dans les odeurs de térébenthine, et dans une douce lumière si particulière à ce presque sous-sol.
De longues plages paisibles, intemporelles, comme une prière dans laquelle tu te fondais.
Parfois, ce temps infiniment étiré était ponctué d’un : « Ah, oui, là c’est pas mal… » ou alors d’un « zut alors ! Quelle gourde ! ». Je me taisais, observant les soubresauts de la création. Tu me confiais tout haut en t’étonnant : « Mais pourquoi je fais toujours ces grandes lignes dans mes tableaux, moi qui suis incapable de tracer une ligne droite correctement ? ».
Tu te faisais violence, tu en riais, tu t’appliquais. J’entends encore le son du couteau sur la toile cherchant le meilleur aplat, jouant un rythme dans l’épaisseur de la matière.
« Tiens, viens voir… » et tu me montrais un secret de fabrication, mélange de sciure et de peinture « Ah oui, cette fois je l’ai ce dégradé ! ».
De formes en couleurs, de lumières en texture, petit à petit, tu m’apprenais à mieux voir.
On remontait croquer un morceau dans ton appartement. Autour du livre de Zao Wou Ki, tu t’écriais : « Tiens, regarde, t’en as plein les mirettes ! ».
Bernard Lacalmette
Noisy-le-sec le 25 février 2011
Pour joindre Bernard lien


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Bernard fut longtemps un compagnon des arts et du cœur pour Eliane comme il le raconte dans ce beau texte de ses souvenirs. Bernard était un ami bruyant, - il est percussionniste -. Je suppose que cela mettait ses voisins dans une certaine opposition, car un soir, ou plutôt une nuit, nous sommes allés avec Eliane le retrouver sur le lieu de ses répétitions, un box des entrepôts frigorifiques de Tolbiac! Ces deux artistes se comprenaient merveilleusement bien! |
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Éliane, toi qui aimais tant admirer la mer des hauteurs de Nice, tu aurais aimé Santorin. Ce lieu me rapproche de toi.
Ici règne une atmosphère d'éternité : la mer à perte de vue calme et tranquille, les fleurs sauvages poussant de ci de là ; des taches jaunes, roses, rouges tranchant avec le bleu de la mer et le blanc des maisons. Tu étais sensible à l'harmonie des couleurs tout comme moi.
Quand je t'ai connu, j'avais 24 ans toi 74. Peu nous importait : nous avions une sensibilité commune. Tu as été et tu resteras toujours mon modèle par ta simplicité, ta gentillesse et ta conception de la vie.
Tu fus présente à tous les moments forts de ma vie (premières de mes spectacles, témoin à mon mariage, naissance d'Hugo). Tes leçons de chant étaient des grands moments de partage.
Même sans force, allongée dans ton lit n'ayant plus la force de parler, nous communiquions. Tu étais sensible à mes caresses sur ta main et à mes chansons. Ton regard s'illuminait et tu fermais les yeux, apaisée.
Je n'oublierai jamais ta devise : croire en la lumière en toutes les lumières.
Je t'aime.
Nathalie, février 2008
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- Pour Eliane, en une phrase? Difficile devant une personnalité ayant tellement de talents différents. Mais sans doute ce qui me reste c'est cette volonté déterminée d'être heureuse, érigée en principe de vie, ne serait-ce que pour montrer l'exemple. Et ce malgré les difficultés, ses nuits passées à recopier les partitions à la main, le jour toujours en sourire pour les cours de chants, et dans les intervalles la peinture "alimentaire", roses ou monnaie du pape sur satin, qui se vendaient bien...
- Noële Bernard, le 24 janvier 2008
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- Hier, le soleil frappait à ma fenêtre. Les crocus ont libéré leurs fleurs. Ces pétales violets, proches des iris dans le rai de lumière m'ont forcément fait penser à Éliane, à la capacité qu'elle a bien voulu me transmettre de s'émerveiller devant tout chose, même insignifiante, pourvu qu'elle émane de la nature, faisant sa place indiciblement, innocemment pour renforcer notre foi dans la vie.
- Daniel Hennemand, le 28 janvier 2008
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