La crise et nos métiers de la gestion d’images

Les budgets de communication des entreprises vont-ils fondre suivant ce réflexe bien connu ? La crise est là! « On tape dans la com. quand ça va mal! » Regardons les métiers de l’image qui nous occupent; la conception de visuels, leur réalisation, leur gestion / exploitation et l’archivage pour réutilisation et enrichissement du patrimoine.[1] La création : les agences vont-elles souffrir de cette crise ?

[2] La réalisation / prise de vue : quel avenir pour le métier de photographe ? On le sait déjà bien fragilisé depuis dix ans, au motif que la photographie est désormais numérique, par conséquent à la porté de n’importe quel collaborateur de l’entreprise qui peut réaliser un « reportage » pour des besoins urgents. Exagération? Non, constats fréquents, et en plus, c’est fait avec beaucoup de bonne foi.

[3] Exploitation des productions : on a déjà expliqué, au gré des évolutions économiques et techniques, les mouvements plus ou moins désordonnés de réorganisation qui passent, soit par l’intégration de ressources, soit par l’externalisation des compétences vers des plates-formes dédiées, indépendantes ou adossées à des agences ou fabricants.

[4] L’archivage : l’entreprise va-t-elle soutenir les budgets pour fédérer les actifs documentaires en vue de réemplois, enrichir sa culture et légitimer sa visibilité ? Les paramètres du retour sur investissement changeront-ils? Nous nous interrogeons ici sur les conséquences de l’inévitable diminution des budgets. La crise va-t-elle renforcer l’intégration des services, une sorte de « machine arrière, toute! » ou, au contraire, va-t-elle accentuer le mouvement de sous-traitance à des entités spécialisées [je participe aux activités de l'une d'entre elles : edillia]? Quels seront le sens et l’amplitude du mouvement? Rappelons les points forts des plates-formes Images : disponibilité, aide au dialogue avec les créateurs d’images; expertise et traitement numérique des fichiers; indexation des documents pour une identification sécurisée : documentaire, juridique, technique et traçabilité; bonne gestion des métadonnées, générant des objets numériques, aux informations pérennes, indépendants des systèmes d’information. La brutalité des événements nous empêche de pronostiquer vaillamment aujourd’hui. Les « grandes » décisions se font toujours dans l’urgence et pas forcément d’une manière rationnelle. A nous, acteurs du numérique, de prouver la rentabilité d’une organisation en sous-traitance. Quel sera le choix d’un DRH face à une masse salariale et des coûts à réduire ? Quelle réponse à l’alternative : licencier et externaliser ? Une solution médiane possible sera de replacer des personnels dans des services ou « le métier s’apprend sur le tas », le royaume des autodidactes, j’ai nommé les services de Communication [là, la majuscule s'impose]? Humour mis à part, nous y verrions une baisse de performances. Précisons que le corollaire de l’externalisation, en temps « normal » n’est pas le licenciement des collaborateurs. Nos prestations apportent une plus-value riche de nouvelles expertises, là où l’entreprise ne possédait pas de compétences : maîtrise des techniques numériques, de la gestion des métadonnées, de l’organisation des multiples flux de production d’images initiés par les services marketing, de communications interne ou externe avec les photographes, les agences, les imprimeurs, les distributeurs, les filiales, etc. Donc, quelle évolution pour ce marché? J’ose un parallèle avec la protection de l’environnement et le contrôle des ressources naturelles, le Grenelle de l’environnement; allons-nous entendre « C’est la crise, on remet cela à plus tard ». Le chef de l’état Italien a prononcé ces paroles hier, et dans nos métiers, déjà de gros projets sont reportés. Le risque est de voir s’appauvrir les ambitions des donneurs d’ordre en diminuant les budgets de création et de gestion, ce qui freinerait le mouvement de rationalisation des moyens et d’adoption des règles de bonne gestion de l’archivage. Chacun va-t-il « reprendre ses billes » ? « A chacun sa mouise », comme l’aurait dit la chancelière Allemande il y a quelques jours à notre Président de la République. A chacun son budget pour réaliser ses missions. Les directions géreraient alors en autarcie une communication à court terme en achetant des prestations ponctuelles? On renforcerait ainsi une organisation de projets et non de management global et raisonné : on créé, on produit, on exploite et on jette !… À l’avantage inchangé pour certains prestataires qui « facturent, archivent et revendent ultérieurement ». Avec la prolongation de la crise, nous observerons une plus grande volatilité des éléments de communication. La rentabilisation des investissements et la mémoire des entreprises y perdront et les entreprises mettront quelques années, à s’apercevoir de l’étendu des dégâts. À nous donc de convaincre les donneurs d’ordre de la pertinence de notre offre.

Daniel Hennemand, responsable du développement des services

Edillia

Voir aussi le « Répertoire professionnel Images », désormais en accès libre

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