Presse : La mort numérique : choix de l’oubli, droit à la copie

Le Monde.fr / Par Olivier Ertzscheid, maître de conférences en sciences de l’information. IUT de La Roche sur Yon. Université de Nantes.

Commentaire

Troublant cette analyse de la rupture de service synchronisée avec la fermeture d’un compte bancaire. Je connais pourtant quelques profils tournant encore sur plusieurs plates-formes malgré l’éloignement ou le décès des intéressés. Par contre, l’idée d’un cénotaphe immatériel me plait bien!

Pour les achats d’œuvres de création c’est différent, il semble bien clair que les éditeurs ne tiennent plus à vendre des empreintes permanentes d’une interprétation, mais juste louer une lecture restreinte de cette œuvre. Le monstre Universal Music qui vient d’avaler EMI exigera-t-il un jour la destruction de nos CD, vinyles et 78 tours?
Le cloud en revanche n’est pas une simple « externalisation » de nos disques durs, il offre la synchronisation et l’échange de nos images, nos sons ou nos élucubrations professionnelles. Le cloud offre une vue délocalisée de nos échanges et marketing aidant, nous serons tous séduits, le grand public comme les entreprises; fascinant cet engouement de la part des DSI et des informaticiens après des décennies de paranoïa.
Si le cloud est vu comme un gros disque dur évidemment, on peut allez chez Darty et la sauvegarde en amont est indispensable, mais cela ne garantie en rien la pérennité de nos chères images en tant qu’auteur, ou autres acquisitions en tant que consommateur. Guillaume Cuvillier du regretté magazine Le Photographe, comparait l’image numérique à une goutte d’eau sur du sable, elle disparaît vite.
Et puis, s’appuyer sur un hébergeur n’est pas si dangereux, c’est même plus sûr en terme de sauvegarde, nous ne sommes pas vraiment doués pour gérer nos copies. Finalement, la mort numérique existe aussi en appartement; un décès, on vide les lieux, on garde les meubles, les vases et les albums reliés, mais les piles de CD partiront toujours à la décharge. Je crois même qu’au contraire, le partage, la copie démultipliée, pourvu qu’elle contienne un minimum de métadonnées, est la seule chance pour un document numérique de résister au temps.

Daniel Hennemand

v1.0

EDILLIA, lecture de l’image, formation pour la gestion des photothèques des entreprises

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