Une photothèque, définition

Une récente interview m’a amené à évoquer nos métiers de la gestion d’images. Nous cherchons tous à postériori à évaluer l’efficacité de nos échanges. J’avais ici le sentiment d’avoir plus commenté l’évolution du statut de l’image photographique et de celui des créateurs que d’avoir présenter notre activité, ce qui était l’objet initial de la rencontre. Nos métiers manquent de visibilité, la définition même du mot photothèque est devenu ambigüe,  comme médiathèque ou vidéothèque, tant la dématérialisation a rendu possible la convergence des moyens de gestion et de diffusion d’objets plurimédias. Essayons d’en donner une définition et de comprendre l’évolution du sens donner à ce mot.

Maison Européenne de la Photographie, Paris - Photo Daniel Hennemand, 2010

Étymologiquement, la photothèque désigne un ensemble d’images rassemblées dans un lieu unique. Par extension, il désigne également ce lieu et le service chargé de son exploitation.
Le terme évoque initialement un ensemble de reproductions destinées à la représentation d’un thème, d’une activité ou d’un organisme ; la photothèque du musée des Arts et Traditions Populaires, celle de l’Institut National des Métiers de l’Art ou encore celle de l’entreprise Chanel, etc.
Le terme n’augure ni des origines ni de la finalité de ce regroupement et selon le contexte ou l’époque à laquelle il a été constitué, il peut s’agir de la simple préservation d’archives photographiques – reproductions ou images initialement réalisées pour un premier usage – ou au contraire, de l’enrichissement d’un fonds de documents originaux destinés à de nouveaux besoins.
Dans un cas, nous parlerons d’un fonds d’archives photographiques dont la création ou l’achat sont antérieures à un rassemblement justifié par la richesse des éléments. Dans le second cas, la photothèque désigne un ensemble de documents spécialement rassemblés pour satisfaire les besoins de communication d’un organisme privé ou public. Ces deux catégories cohabitent souvent dans une même entité.
  1. Premier cas : le service rassemble des documents proposés à une nouvelle utilisation. Une photothèque d’entreprise récupère et centralise les prises de vues réalisées par les différentes sites de production, les captations faites par les bureaux d’étude, les reportages produits pour la communication interne ou bien les images de campagnes publicitaires conçues par des agences de communication. Nous soulignerons la nécessité d’opérer des tâches essentielles de sélection éditoriale, de contextualisation et de redocumentarisation des éléments.
  2. Second cas : la mission du service est de fournir aux différents départements de l’entreprise des images originales en traitant avec des agences d’illustration, ou en produisant elle-même. Il y a dans ce cas une activité de création, qu’elle soit intégrée avec un studio photographique interne ou sous-traitée à un photographe indépendant ou à une agence. La photothèque a alors un rôle de producteur délégué et d’agence photographique intégrée. Cette activité se place en amont de la gestion des réemplois d’images d’archives. Cependant, ce qui est produit à la demande peut être recyclé dans un second temps et amorti par plusieurs réutilisations. La gestion intégrée de l’image photographique permet de répondre aux besoins multiples en illustrations réparties dans l’entreprise, d’apporter une cohérence technique et esthétique, elle permet de réduire les coûts de production en fédérant des besoins identiques. Elle peut instiller lors de la conception une notion de polyvalence de la représentation et rendre ainsi possible un usage multiple du document photographique.
La maturité des moyens de représentation, la multiplicité des origines et le développement des politiques de communication ont incité les grandes entreprises dans les années soixante-dix à organiser la maîtrise de leur image. On a vu se constituer de grands fonds aux contenus exhaustifs capables de représenter à la fois le patrimoine immobilier, les moyens de production, la production, les services et les hommes. La réutilisation des images a longtemps constitué la raison principale de la création de tels services.
Cette notion de réutilisation doit être précisée aux niveaux juridiques et sémantiques. Juridique, car l’accord obtenu pour une  première utilisation ne donne pas quitus pour un usage permanent de la photographie suivant le statut des créateurs, et aussi sémantique, car l’image peut être soit réutilisée sans modifications ou bien n’être que le support d’inspiration pour une nouvelle création. En effet, le visuel concentre en lui une première lecture de la culture de l’entreprise sur un sujet précis. Il est précieux par son caractère synthétique légitimé par une première validation et une exploitation plus ou moins ancienne.
Le terme de photothèque n’est pas synonyme de banque d’images, expression emprunte de passivité, car il s’agit de désigner non seulement une somme de documents visuels mais également une réunion de services et de compétences.
La dématérialiation des moyens de production et de communication et leur convergence technique permettent aux services initialement dédiés à l’image photographique d’assurer la maîtrise d’éléments documentaires relevant de la production audiovisuelle et de l’imprimé. Même si cette convergenance de moyens se voit réfrénée par des cultures et des intérets encore disctincts, les éditeurs proposent aujourd’hui des solutions globales capables de fédérer dans un même flux la diffusion des éléments de communication plurimédias.
Daniel Hennemand, v1.1
EDILLIA, l’organisation des photothèques d’entreprises

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